GS : Grande section pour les intimes…

Je fais en ce moment mon premier stage en école, un stage d’observation, chez mon ancienne maîtresse de chez les moyens. Autant vous dire que le premier jour, j’étais surexcitée.

Je pensais être assise au fond, écouter, prendre des notes, un stage d’observation quoi. Que nenni, maîtresse a décidé que j’allais me mettre au boulot (ce qui n’est pas plus mal, on se fait nettement moins chier). Dès la première heure j’ai compris quelque chose : les maîtresse, en maternelle en tout cas, c’est pas des êtres humains. Je suis sûre que c’est des cyborg, parce que obligé elles ont des yeux derrière la tête et plein de bras comme Shiva :

Explication : 8 gamins devant coller des étiquettes puis écrire leur nom en attaché. L’écriture du nom nécessite la présence de la maitresse (en l’occurence moi, vu que les gamins m’appellent maîtresse, on va dire que je suis la maitresse alors qu’il me manque 2 ans d’étude pour l’être) pour vérifier. J’aimerais savoir comment on fait, COMMENT, quand on est monopolisé par une écriture en attaché, yen a un qui dit “maitreeeeesse, il me manque des étiqueeeettes”, un deuxième qui hurle “maitreeeesse, ludovic il m’a tiré la laaaangue”, un troisième “maitreeeesse, je trouve paaaas”, et un quatrième en train de mettre de la colle sur un cinquième. A signaler qu’en temps normal, la maitresse est seule avec 24 élèves.

Une élève s’est néanmoins très vite détachée du lot. Nous l’appelleront ici Petitegarce, par soucis d’anonymat. Petitegarce sait déjà lire, Petitegarce est bonne en classe, et Petitegarce tient à ce que ça se sache. Ainsi, quand la maitresse (pas moi cette fois) essaye de leur inculquer des règles de vie, genre au hasard, quand on veut répondre, on lève le doigt et on attend d’être interrogé, Petitegarce trouve nettement plus pertinent de lever le doigt et de crier la réponse en même temps. Réponse juste à chaque fois, ce qui fout tout l’exercice par terre pour les autres.

Mais Petitegarce ne fait pas que ça. Petitegarce, du haut de ses 5 ans, m’aide aimablement dans ma tâche de stagiaire à base de “au lieu d’aider Valentin, tu ferais mieux de t’occuper de Clémentine, elle colle mal ses étiquettes”. Occupe-toi de ta feuille, déjà, avant de t’occuper des autres (en plus Clémentine collait admirablement ses étiquettes).

Le moment préféré de Petitegarce, c’est la récréation. Quand on va en récréation, on met son manteau PUIS on se range à côté de l’escalier. Tiens, un manteau traîne par terre, à qui est ce manteau ? A Petitegarce, qui est déjà rangée. Petitegarce, un manteau, ça traine pas par terre, ça se met AVANT d’aller se ranger. Qu’a fait Petitegarce, elle l’a relevé de 30cm et coincé entre ses genoux. Normal. Tout va bien.

Autre cas de figure : PG (appelons-la comme ça, Petitegarce c’est chiant à écrire en fait) est rangée avec un autre enfant (avec son manteau cette fois-ci), mais loiiiin derrière les autres. Allez vous mettre en rang avec les autres. Et là, c’est le drame. Le petit garçon dit “oui mais on est punis, on doit rester derrière”. Ah d’accord. Mais PG ne l’entend pas de cette oreille. Attends, depuis quand la maitresse elle nous dit ce qu’on a à faire, c’est vrais après tout ? Elle décrete que comme le garçon devant eux est tout seul, c’est lui qui doit être derrière, et pas elle. Quand je la reprends, elle force le passage, et quand je la tiens par le bras pour pas qu’elle aille plus loin, elle tire de toutes ses forces vers l’avant (Attention, cette technique ne marche pas avec un lycéen d’1m80). Normal. Tout va bien.

Autre instant de bonheur : PG vole le bonnet à une autre fille pendant la récré. La vraie maitresse étant occupée ailleurs, je m’aventure là-dedans, avec un ferme “PG, tu rends son bonnet à Camille !”. PG, rien à foutre, continue à le tenir au-dessus du portail à base de “nananèèère, je vais le lâcheeerrreuuuuh”. J’arrive sur place, accompagnée d’un “et que ça saute !” qui normalement fait vachement peur. Ranafout, PG, même qu’elle part en courant et en hurlant “ça veut rien dire et que ça saute alors j’écoute paaaaas”.

Je voue donc depuis mon stage une admiration éternelle aux VRAIES maitresses (pas celles qui font semblant, comme moi), pour leur patience, leurs organes supplémentaires, et leur RÉSISTANCE AU BRUIT (vachement important ça, t’as la tête comme une pastèque après une journée en maternelle).

Et puis bon, quand même, faut pas cracher dans la soupe, ya pas que des PG hein, ya des gamines adorables. La petite Camille par exemple (celle victime de la prise d’otage du bonnet), a fini par me regarder d’un air outré en disant “mais qu’est-ce qui lui prend ? Elle se prend pour une adulte ou quoi ?!”

:love:

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